Oradour-sur-Glane est un village du limousin. Le 10 juin 1944, alors que le débarquement vient d'avoir lieu en Normandie, les Allemands tentent de combattre les forces françaises et massacrent des villages sur leur chemin en représailles aux résistants.
Un détachement allemand pénètre en début d'après-midi dans le modeste village.
- La division SS somme l'ensemble de la population de se réunir sur le champ de foire sous le prétexte d'un simple contrôle d'identité. Elle va chercher également des habitants des hameaux voisins.
- Sur place, les troupes divisent les habitants en deux groupes : d'un côté, les hommes âgés de plus de 14 ans ; de l'autre, les femmes et les enfants.
- Le groupe comprenant les femmes et les enfants est enfermé dans l'église du village. Les soldats allemands y déposent des explosifs avant de sortir, mitraillent l'édifice et y mettent le feu.
- Les hommes sont, quant à eux, séparés et conduits dans les diverses granges d'Oradour-sur-Glane. Ils sont abattus en quelques secondes par des mitrailleuses. Les bâtiments sont incendiés pour que les corps ne soient pas reconnus.
- Avant de repartir, les SS font encore le tour du bourg pour trouver toutes les personnes n'ayant pu se rendre sur la grande place.
Etape 2- découvrir le poème de Jean Tardieu: "Oradour" : le lire en entier
Oradour n’a plus de femmes
Oradour n’a plus un homme
Oradour n’a plus de feuilles
Oradour n’a pas plus de pierres
Oradour n’a plus d’église
Oradour n’a plus d’enfants.
plus de fumée plus de rires
plus de toits plus de greniers
plus de meules plus d’amour
plus de vin plus de chansons.
Oradour j’ai peur d’entendre
Oradour je n’ose pas
approcher de tes blessures
de ton sang de tes ruines,
je ne peux, je ne peux pas
voir ni entendre ton nom
Oradour je crie et hurle
chaque fois qu’un cœur éclate
sous les coups des assassins
une tête épouvantée
deux yeux larges deux yeux rouges
deux yeux graves deux yeux grands
comme la nuit la folie
deux yeux de petit enfant :
ils ne me quitteront pas.
Oradour je n’ose plus
Lire ou prononcer ton nom
Oradour honte des hommes
Oradour honte éternelle
Nos cœurs ne s’apaiseront
que par la pire vengeance
haine et honte pour toujours.
Oradour n’a plus de feuilles
Oradour n’a pas plus de pierres
Oradour n’a plus d’église
Oradour n’a plus d’enfants.
plus de fumée plus de rires
plus de toits plus de greniers
plus de meules plus d’amour
plus de vin plus de chansons.
Oradour j’ai peur d’entendre
Oradour je n’ose pas
approcher de tes blessures
de ton sang de tes ruines,
je ne peux, je ne peux pas
voir ni entendre ton nom
Oradour je crie et hurle
chaque fois qu’un cœur éclate
sous les coups des assassins
une tête épouvantée
deux yeux larges deux yeux rouges
deux yeux graves deux yeux grands
comme la nuit la folie
deux yeux de petit enfant :
ils ne me quitteront pas.
Oradour je n’ose plus
Lire ou prononcer ton nom
Oradour honte des hommes
Oradour honte éternelle
Nos cœurs ne s’apaiseront
que par la pire vengeance
haine et honte pour toujours.
Oradour n’a plus de forme
Oradour femmes ni hommes
Oradour n’a plus d’enfants
Oradour n’a plus de feuilles
Oradour n’a plus d’église
plus de fumées plus de filles
plus de soir ni de matins
plus de pleurs ni de chansons.
Oradour n’est plus qu’un cri
et c’est la bien la pire offense
au village qui vivait
et c’est bien la pire honte
que de n’être plus qu’un cri
nom de la honte des hommes
le nom de notre vengeance
qu’à travers toutes nos terres
on écoute en frissonnant
une bouche sans personne,
qui hurle pour tous les temps.
nom de la honte des hommes
le nom de notre vengeance
qu’à travers toutes nos terres
on écoute en frissonnant
une bouche sans personne,
qui hurle pour tous les temps.
Etape 3- Comprendre le sens du poème
Strophes 1 et 5: Le poète constate l'ampleur du désastre après le massacre de la ville d'Oradour.
Strophe 1:
Oradour n’a plus de femmes
Oradour n’a plus un homme
Oradour n’a plus de feuilles
Oradour n’a pas plus de pierres
Oradour n’a plus d’église
Oradour n’a plus d’enfants.
plus de fumée plus de rires
plus de toits plus de greniers
plus de meules plus d’amour
plus de vin plus de chansons.
Oradour n’a plus de feuilles
Oradour n’a pas plus de pierres
Oradour n’a plus d’église
Oradour n’a plus d’enfants.
plus de fumée plus de rires
plus de toits plus de greniers
plus de meules plus d’amour
plus de vin plus de chansons.
Strophe 5:
Oradour n’a plus de forme
Oradour femmes ni hommes
Oradour n’a plus d’enfants
Oradour n’a plus de feuilles
Oradour n’a plus d’église
plus de fumées plus de filles
plus de soir ni de matins
plus de pleurs ni de chansons.
Oradour femmes ni hommes
Oradour n’a plus d’enfants
Oradour n’a plus de feuilles
Oradour n’a plus d’église
plus de fumées plus de filles
plus de soir ni de matins
plus de pleurs ni de chansons.
1) c'est un poème en vers libres: il n'y a pas de rimes, pas de recherche de vers de même longueur (alexandrins, décasyllabes...)
2) Pour insister sur l'ampleur du massacre et ses conséquences, le poète énumère des faits par une anaphore de phrases négatives : "Oradour n'a plus". Il constate ce que la ville d'Oradour est devenue suite au massacre. La négation "plus" rend le constat définitif (à la différence de ne...pas"): le mal est fait, rien ne pourra réparer la situation.
3) Le rythme du poème s'accélère puis que dans les vers 1 à 6 un seul nom est précisé alors que dans les vers suivants 2 noms communs sont précisés.
4) Les noms communs énumérés évoquent la vie qui a disparu sous tous les aspects possibles:
- les humains (homme: protection/force de la famille, femme: fertilité, enfant: insouciance, innocence)
-les monuments, les maisons: la ville dans ce qu'elle possède de matériel
-la culture: l'église évoque la religion partagée
-la nature
-la nourriture qui permet de vivre (le grenier = endroit où le blé est stocké..)
-les sentiments légers: "amour/chanson/rires..." la fête etc
5) Le constat final rend la situation tragique : "plus de soir ni de matin" c'est à dire plus d'avenir. La vie a disparu à tout jamais.
Strophes 2, 3: le poète exprime avec intensité ses sentiments
strophe2
Oradour j’ai peur d’entendre
Oradour je n’ose pas
approcher de tes blessures
de ton sang de tes ruines,
je ne peux, je ne peux pas
voir ni entendre ton nom
Oradour je n’ose pas
approcher de tes blessures
de ton sang de tes ruines,
je ne peux, je ne peux pas
voir ni entendre ton nom
strophe 3
Oradour je crie et hurle
chaque fois qu’un cœur éclate
sous les coups des assassins
une tête épouvantée
deux yeux larges deux yeux rouges
deux yeux graves deux yeux grands
comme la nuit la folie
deux yeux de petit enfant :
ils ne me quitteront pas.
4) Ces deux strophes ont pour but de rendre sensible la douleur des rescapés mais aussi des Français (n'oubliez pas que le poème est écrit l'année du massacre). A ce titre, on peut dire que la tonalité (ou le registre) lyrique est prédominant. le but est toucher le lecteur dans ses émotions pour que ce drame ne soit pas un fait-divers de plus en temps de guerre mais un massacre inacceptable.
Oradour je crie et hurle
chaque fois qu’un cœur éclate
sous les coups des assassins
une tête épouvantée
deux yeux larges deux yeux rouges
deux yeux graves deux yeux grands
comme la nuit la folie
deux yeux de petit enfant :
ils ne me quitteront pas.
1) Une nouvelle anaphore (S2, V1-2) montre que le poète s'adresse directement à la ville comme si c'était une personne. la ville est donc personnifiée. Nous assistons à un échange au discours direct, ce qui permettra de percevoir les sentiments de manière plus sensible.
2) Le poète semble dévasté par ce massacre. A la strophe 3, il semble revoir "en boucle" la vision d'un enfant innocent en train d'être assassiné: "deux yeux larges...deux yeux grand". Le rythme du poème s'accélère encore et nous observons une nouvelle anaphore (la structure du groupe nominal est répétée 4 fois en deux vers). Cette vision cauchemardesque semble être obsessionnelle : "ils ne me quitteront pas".
3) Le poète est angoissé, dévasté et traumatisé par ce carnage et le mal fait aux innocentes victimes.4) Ces deux strophes ont pour but de rendre sensible la douleur des rescapés mais aussi des Français (n'oubliez pas que le poème est écrit l'année du massacre). A ce titre, on peut dire que la tonalité (ou le registre) lyrique est prédominant. le but est toucher le lecteur dans ses émotions pour que ce drame ne soit pas un fait-divers de plus en temps de guerre mais un massacre inacceptable.
Strophes 4 et 5: Epilogue: Oradour devient un symbole de la barbarie humaine.
strophe 4
strophe 4
Oradour je n’ose plus
Lire ou prononcer ton nom
Oradour honte des hommes
Oradour honte éternelle
Nos cœurs ne s’apaiseront
que par la pire vengeance
haine et honte pour toujours.
Lire ou prononcer ton nom
Oradour honte des hommes
Oradour honte éternelle
Nos cœurs ne s’apaiseront
que par la pire vengeance
haine et honte pour toujours.
strophe 5:
Oradour n’est plus qu’un cri
et c’est bien là, la pire offense
au village qui vivait
et c’est bien la pire honte
et c’est bien là, la pire offense
au village qui vivait
et c’est bien la pire honte
que de n’être plus qu’un cri
nom de la honte des hommes
le nom de notre vengeance
qu’à travers toutes nos terres
on écoute en frissonnant
une bouche sans personne,
qui hurle pour tous les temps.
nom de la honte des hommes
le nom de notre vengeance
qu’à travers toutes nos terres
on écoute en frissonnant
une bouche sans personne,
qui hurle pour tous les temps.
2) Le poète lance un appel à la vengeance à tous les Français et aux résistants. (poème écrit en 44): ceci montre bien que ce poème est engagé. Il prend position pour une lutte qui concerne une situation concrète, qui concerne l'actualité. C'est souvent le cas d'une oeuvre engagée.
2) Par de nombreuses périphrases (soulignées) le poète donne une définition de ce qu'est Oradour à présent: une ville que la postérité associera au massacre d'innocents pour toujours. Personne ne se souviendra d'Oradour pour ce qu'elle était avant: un village paisible avec des habitants qui vivaient une vie quotidienne normale, avec leurs joies et leurs chagrins. Non. Pour toujours la ville sera associée au massacre, un peu comme Guernica, Hiroshima, Nagasaki.... "une bouche sans personne qui hurle pour tous les temps.", "Oradour n’est plus qu’un cri /et c’est bien là, la pire offense". Oradour a été éradiqué le jour du massacre mais aussi symboliquement: elle devient le symbole de la barbarie. ... et pour le poète, c'est peut-être ça le pire.
Etape 4- Prolongement: Créer du lien entre des tableaux et ce poème.
Question: renseignez-vous sur le tableau Guernica de Picasso et Le cri de Munch. Quels liens pouvez-vous établir avec le poème Oradour? (Essayez de proposer plusieurs idées précises. Appuyez-vous sur quelques citations, figures de style et sur des détails précis de l'un et de l'autre des tableaux. N'oubliez pas d'évoquer les couleurs etc) ( 10-15 lignes)
Oeuvre 1- Guernica de Pablo Picasso (1937)
Eléments du tableau expliqués par des CM2 (vidéo super bien faite, simple et efficace!)
source: Culture Classe
Oeuvre 2- Le Cri d'Evard Munch (1893)
Le Cri est une œuvre expressionniste (courant qui vise à exprimer des sentiments par la peinture) de l'artiste norvégien Edvard Munch dont il existe cinq versions réalisées entre 1893 et 1917.